La Grande Vague de Kanagawa est une estampe du peintre japonais Katsushika Hokusai. Elle est la première estampe d’une série de 46 estampes appelée 36 vues du Mont-Fuji. Elle est devenue l’icône des estampes ukiyo-e de cette époque grâce à son utilisation très réaliste de la perspective occidentale, encore très peu utilisée dans les œuvres japonaises, et de la couleur bleu de Prusse, inédite au Japon.

L’ukiyo-e est un mouvement artistique japonais qui traite du quotidien du Japon (période Edo). “Ukiyo” peut être traduit par “monde flottant” et “e” par “image” en japonais. Si cela n’est pas très clair, rassurez-vous ! C’est un terme intraduisible que beaucoup d’artistes occidentaux ont tenté de comprendre. Disons que cela peut être compris comme une représentation mélancolique du monde éphémère. Ce mouvement est devenu populaire grâce à la gravure sur bois qui a permis d’en imprimer et d’en écouler des milliers d’estampes.

Avez-vous remarqué la symétrie de cette montagne ? Pour les japonais, c’est le symbole du calme et de la stabilité. Mais son caractère volcanique rappelle que la nature peut être violente et imprévisible ! En somme, le Mont-Fuji est un parfait symbole de l’équilibre toujours délicat du Yin et du Yang. Enfin, il s’agit probablement de la montagne qui a inspiré le plus grand nombre d’artistes au cours des siècles !

La série, qui commence au ras de l’eau (La Vague de Kanagawa) et se termine quasiment au sommet de la montagne (L’ascension du Fuji), peut être lue comme un conte consacré à la relation entre l’homme et la nature. Il s’agit d’une des premières séries consacrées au paysage dont le succès a été immense au Japon, notamment grâce aux apports occidentaux de la perspective et du bleu de Prusse, inédits à l’époque au pays du soleil levant. Ne vous fiez pas au nom de cette série cependant ! Elle ne compte pas 36 vues en réalité, mais 46 estampes au total. L’éditeur d’Hokusai, face au succès, s’est évidemment empressé de commander des estampes supplémentaires !

La gravure sur bois, également appelé xylogravure, consiste simplement à graver sur une planche de bois des motifs, à l’induire d’encre et d’ensuite y apposer une feuille de papier. L’encre sur les reliefs du bois va s’imprimer sur le papier. Les creux, eux, vont rester blancs. La plus ancienne planche gravée retrouvée en occident daterait du XIVème siècle. Mais au vu de la technique parfaite employée pour cette dernière, cette technique devait exister depuis bien plus longtemps encore.

Contrairement à beaucoup d’autres religions, le shintoïsme n’a pas de date de création précise. On sait seulement qu’il tient ses racines du culte des kamis, qui sont des esprits peuplant des lieux géographiques précis comme des rivières ou des montagnes dont ils sont responsables. Autour du culte des kamis se sont formés des communautés pour leur rendre hommage et s’assurer de leur soutien. À cela s’est adjoint au VIème siècle le bouddhisme venu de Chine, qui s’est mêlé aux règles et aux doctrines du culte des kamis. De ce fait, les shintoïstes vénèrent autant les bouddhas que les esprits de la nature. Shinto signifie “la voie des Dieux” mais peut donc être également compris comme “la voie des esprits“.

• Cette estampe représente des pêcheurs de retour de la capitale après avoir livré leur pêche. Malheureusement, les voilà pris dans une importante tempête ! Face à eux, une vague d’environ 15 mètres.
• D’après la position du Mont-Fuji visible au fond et le titre révélant que l’on se trouve dans la baie de Kanagawa, on sait que les pêcheurs dépeints sur La Vague reviennent très certainement de la capitale Edo, future Tokyo, où ils ont vendu le produit de leur pêche au marché.
• Au Japon, il n’y a qu’un seul mot pour désigner le bleu et le vert : aoi ! Il n’est donc pas étonnant que beaucoup d’estampes représentent la nature en bleu, ce qui peut nous sembler étrange. Le bleu comme le vert sont les nuances de la nature pour les japonais.
• Il existe une autre série qui s’appelle 36 vues du Mont-Fuji ! Elle a été dessinée par le célèbre peintre Hiroshige plus de vingt ans après celle d’Hokusai. L’une d’entre elles représente d’ailleurs une vague qui ressemble étrangement à celle de Kanagawa (voir plus bas) ! C’est dire le succès artistique et public qu’a eu le travail d’Hokusai.
• Il n’est pas rare qu’un artiste choisisse un nom d’emprunt. Mais Hokusai a poussé l’exercice à l’extrême ! Il aurait eu plus de 80 pseudonymes différents, chacun ayant une signification précise pour lui à ce moment-là.
• À la fin de sa vie, Hokusai aurait dessiné plus de 30.000 œuvres !