On y fabrique le papyrus à partir de la tige du cyperus papyrus, une plante qui pousse uniquement sur les bords du Nil.

Le papyrus peut être facilement roulé, stocké et même collé pour former de longs rouleaux dont certains peuvent faire plus de 40 mètres de long !

Son problème est qu’à force de le rouler et de le dérouler, le papyrus finit par se fragiliser et par casser très facilement. De plus il est excessivement coûteux : les égyptiens profitent de leur monopole pour le vendre à prix d’or.

On y fabrique le parchemin à partir de peaux d’animaux. On utilise de préférence des peaux de chèvres, de moutons et de veaux.

Extrêmement résistant, le parchemin est lui aussi très onéreux : un seul livre nécessite plusieurs centaines de peaux !

On va l’utiliser en Europe jusqu’à l’invention de l’imprimerie car le papier, parce que maîtrisé par les arabes, était très mal considéré !

On y écrit sur des tablettes de bambou. Pratique quand il s’agit d’écrire des textes courts, c’est un support moins intéressant quand on sait que l’administration de la Chine l’utilise pendant plus de mille ans ! Les libraires sont chaque jour obligés de charger et décharger plusieurs centaines de kilos de documents. Imaginez les biceps !

Cet ancêtre du carnet de notes est utilisé en Europe à partir de 1500 avant notre ère ! C’est un support d’écriture tellement pratique qu’on l’utilise encore en France au milieu du XIXème siècle !

C’est probablement l’un des premiers supports d’écriture, avec les parois des cavernes ! Les chinois utilisaient des os de bovins, des omoplates de porc, des carapaces de tortue. Ces os étaient utilisés par les devins et les scribes pour leurs formules divinatoires. C’est le support d’écriture favori de Jim ! Miam.

Il y a encore beaucoup de “protopapiers” ! Comme l’écorce de bouleau, utilisé en Inde, en Russie et au Moyen-Orient pour les exercices scolaires, les lettres personnelles et les contrats commerciaux.

L’amate de la civilisation Inca, fabriqué vers 500 avant notre ère à partir de fibres de ficus et dont la fabrication ressemble à celle du papyrus.

Ou encore le tapa des îles du Pacifique, un tissu fabriqué à partir d’écorces de bois et qui a de nombreux usages (vestimentaires, support d’écriture, décoration).

Cai Lun était un haut fonctionnaire de la Cour Impériale chinoise. La légende raconte qu’il aurait inventé le papier en observant… des abeilles ! Ces dernières arrachent en effet des fibres aux tiges de bambou, les ramollissent avec leur salive, et utilise cette pâte pour construire leur nid qui ressemble à s’y méprendre à du carton très solide.

Mais en vérité, le papier est bien plus ancien ! Des archéologues ont retrouvé du papier remontant au IIème siècle avant notre ère. Il est presque certain qu’on les doit au général chinois Meng-Tian, inspiré par le papyrus égyptien qu’il avait découvert lors d’une campagne militaire. Mais la qualité de ces premières feuilles de papier en fibres de bambou est très aléatoire. Le savoir-faire de Cai Lun repose donc sur une longue tradition et sur des maîtres papetiers qui l’ont précédé. On doit Cai Lun d’avoir popularisé le papier, et surtout d’avoir édicté une recette officielle. C’est pourquoi il est encore aujourd’hui considéré comme le “Saint Patron” des papetiers.

• Une petite note de Ralph Reiss : dans le film, nous racontons une version possible de la recette du papier de Cai Lun. En réalité, on ne connaît pas exactement son contenu ! On sait qu’il ajoutait probablement des filets de pêche pour renforcer la structure du papier. De plus, si Jim semble plutôt rapide à faire son papier, la recette de Cai Lun nécessitait des mois de préparation des ingrédients. Pour attendrir le bambou par exemple, il faut au préalable le plonger dans un étang ou une rivière pendant cent jours ! Après un passage dans un bain de chaux montré dans le film, il lui faut encore trois semaines de bains de vapeurs ! C’est alors seulement que la fibre, tendre, peut être broyée. Voilà pourquoi le papier artisanal est si cher, et si rare !

Le papier a vécu de très nombreuses transformations au cours de son histoire. De rare et coûteux, il est devenu l’un des premiers produits à être consommé en masse.Il est encore possible de trouver des papetiers traditionnel en France, en Italie et au Japon (notamment dans la fameuse région d’Echizen, berceau du papier Washi). Mais l’immense majorité du papier est désormais conçue dans de gigantesques usines qui utilisent toutes les révolutions énergétiques et chimiques à leur avantage (et parfois au désavantage de l’écosystème environnant, même si des efforts récents ont été faits à ce sujet). Si les transformations technologiques ont donc été nombreuses, le papier a rencontré le succès grâce à deux évolutions majeures : l’invention de la machine à papier continu et la pâte à papier à base de bois.

Inventeurs de tous bords, l’histoire de Louis Nicolas Robert est édifiante ! Le jeune Louis a l’idée de créer une machine qui permette de réduire considérablement le temps de fabrication du papier (et de diminuer le nombre d’ouvriers nécessaires). La première machine, conçue pour fabriquer de longues feuilles de papiers d’environ 15 mètres, ne donne pas encore entière satisfaction. Son partenaire français, Didot Saint-Léger, souhaite reprendre la machine à son compte et la développer de son côté. Avec de nouveaux partenaires anglais, Saint-Léger dépose de nouveaux brevets sur une machine à papier, excluant Louis ! Malgré de nombreux recours, il n’est que faiblement dédommagé. Les anglais développent alors leurs propres machines, dont la “Foudrinier” des frères Foudrinier, qui est désormais considéré comme l’ancêtre des grosses turbines à papier que l’on connaît aujourd’hui. Comble de l’ironie, Louis Nicolas Robert, qui travaille dans une papeterie, voit son usine acheter ces fameuses “nouvelles machines anglaises” ! Furieux, il claque la porte. Malgré de nombreuses idées d’invention, dont une machine à écrire, il meurt relativement pauvre, alors que la révolution du papier industriel s’engage. Amis inventeurs, ne vous engagez pas en affaires avec n’importe qui !

Le papier de qualité a toujours été fabriqué avec des morceaux de chiffon. Ses fibres permettent de renforcer les fibres végétales utilisées dans la composition du papier. C’est d’ailleurs grâce à la révolution de la mode vestimentaire du XIIIème siècle que le papier a pu se développer. Des vêtements en coton et peaux d’animaux, on préfère alors les tissus en lin. Les vêtements usagés sont récupérés par les chiffonniers et revendus aux papeteries. Le problème est que le nombre croissant de papeteries et la demande grandissante en papier mène à de graves pénuries en chiffons ! Ce sont ces pénuries à répétition qui ont obligé à revoir complètement la manière dont était conçu le papier.

Le papier revient en réalité à ses premiers amours : les fibres purement végétales. Mais comme on l’a vu, les premiers papiers uniquement fabriqués en bambou n’étaient pas d’une grande qualité. Durant les périodes de crises, les solutions viennent souvent des grands inventeurs. Ici de Friederich Gottleb Keller & Charles Fenerty. Ils développent en même temps (mais chacun de leur côté) une technique de fabrication du papier en remplaçant la cellulose du chiffon par celle du bois. Le tronc est écorcé puis défibré, c’est à dire râpé comme du fromage sur une meule en pierre continuellement arrosée d’eau. Les particules sont alors filtrées afin d’obtenir une pâte homogène. Cette pâte n’égale pas encore la qualité du papier de chiffon mais au moins le bois, contrairement aux chiffons peut être trouvé n’importe où. Dès la fin du XIXème siècle, tout le papier est fabriqué en occident à partir de fibres de bois. C’est la fin du papier rare et cher !